- Accueil
- Le Réseau
- Echos d'acteurs
- Le Fonds de Garantie FEADER
Le Fonds de Garantie FEADER
UN SOUTIEN POUR LES PROJETS D'INVESTISSEMENT EN AGRICULTURE
Le Fonds de garantie : qu’est-ce que c’est ?
Le fonds de garantie FEADER est un instrument financier mis en place par la Région Sud, avec le soutien du FEADER. Il est mis en œuvre par la SIAGI.
Il permet de garantir des emprunts d’exploitants agricoles sur des projets d’investissement.
L’intérêt ?
- Sécuriser la banque et donc faciliter l’obtention du prêt pour le porteur de projet
- Sécuriser le porteur de projet en lui permettant de ne pas garantir l’ensemble du prêt sur ses biens personnels
- Réduire le coût de la garantie, 50% de la garantie étant gratuite
- Obtenir un soutien rapide : en quelques semaines le dossier est traité, quand une subvention FEADER prendra plusieurs mois.
Comment ça marche ?
Quand le porteur de projet rencontre sa banque pour activer un prêt lié à un investissement agricole hors hydraulique, il peut demander à son conseiller de vérifier que le prêt est éligible à la garantie. C’est la banque et la SIAGI qui organisent tout, le porteur projet aura juste le résultat : un prêt garanti !
Cette garantie est particulièrement intéressante sur les projets très couteux ou à mettre en œuvre rapidement.
Le rôle de la SIAGI
Créée en 1966 par les Chambres de Métiers et de l’Artisanat, la SIAGI est un organisme de cautionnement mutuel qui intervient, entre autres, sur le marché de l’agriculture. Elle donne sa garantie aux banques pour les prêts que celles-ci accordent aux exploitants agricoles. Le risque n’est plus porté uniquement par le porteur de projet et la banque, la SIAGI en prend une part, ce qui sécurise chaque acteur
Parole donnée à Jean-Christophe BRES, exploitant agricole à Sarrians (Vaucluse)
Mr Jean-Christophe BRES est le dirigeant de la structure LE CARNEVE sise à Sarrians, dans le Comtat Venaissin (84). Il a repris et développé l’exploitation familiale spécialisée dans la production de tomates. L'entreprise agricole, créée en 1973, est engagée dans la démarche agroécologique "Paysan Rougeline". Actuellement, elle exploite une surface de 3 ha de tomates, 1 ha de fraises et ½ ha en bio. Elle emploie 36 Equivalent Temps Plein, soit en saison 40-45 personnes.
En 2020, M. BRES/LE CARNEVE a bénéficié du dispositif « Fonds de Garantie » à hauteur de 600K€ sur un emprunt total de 1,3 M€. A ce jour, l’ensemble des prêts est débloqué et l’investissement entièrement réalisé et opérationnel.
Pouvez-vous nous en dire plus sur l’histoire de votre exploitation et ses productions ?
Je me suis installé sur l’exploitation familiale en 2000, en reprenant les parts de GAEC de mon oncle et de ma tante. Mais cela faisait 10 ans que je travaillais sur l’exploitation. A ce moment-là, l’exploitation ne produisait que de la tomate sous serre en hors sol. En 2002, mon épouse s’est installée pour produire des fraises hors sol. On voulait diversifier l’exploitation. En 2006, après avoir modernisé l’outil existant, on a construit une nouvelle serre pour faire des tomates et développer la production de fraises.
Toute la commercialisation de la production de tomates et bio se fait via l’organisation commerciale « Rougeline ». Un regroupement de coopératives très présent dans le Sud de la France, qui regroupe près de 150 producteurs (de Brive-la-Gaillarde, Perpignan en passant par les Landes et jusqu’à St Matin de Crau, Marseille et Bollène). Rougeline est l’un des premiers acteurs français de la tomate.
Pour les fraises, nous nous sommes engagés dans la démarche « Fraise de Carpentras », pour avoir une organisation locale, inscrite dans une démarche de territoire. On commercialise donc via l’expéditeur Frizet à Aubignan.
On a aussi une petite unité en bio depuis une 10aine d’années, mais nous en sommes encore au stade de l’expérimentation, pour trouver le bon équilibre dans les rotations de cultures. Pour le bio, il faut tendre vers la polyculture, mais la consommation de fruits et de légumes n’est pas si diversifiée que ça ! Cette commercialisation bio passe par Rougeline aussi.
Aujourd’hui, la surface de l’exploitation est 3 ha de tomates, 1 ha de fraises et ½ ha de bio. Nous nous situons dans la moyenne « basse » des exploitations de tomates en France, quand il y a 10 ans, nous aurions été dans la moyenne haute. Avec 40 salariés, nous sommes une « unité industrielle à taille familiale », une unité industrielle, dans notre façon d’aborder l’entreprise et nos outils de travail, mais à dimension familiale, avec 4 membres de la famille qui travaillent sur l’exploitation.
Présentez-nous le projet d’investissement pour lequel vous avez bénéficié du Fonds de Garantie ? Quel intérêt financier de passer par cette garantie plutôt que les dispositifs plus classiques ?
Dans le souci de pérenniser l’exploitation et de se renouveler dans la durée, nous avions besoin de construire un nouvel outil. L’arrivée des enfants sur l’exploitation a permis de faire aboutir ce projet. On a réfléchi au projet en 2018 et on est passé à l’acte en 2019. Le projet de renouvellement de la serre est constitué de deux parties :
-la construction d’une nouvelle serre moderne
-la modernisation de notre outil de travail : chariots de récolte, conditionnement, renouvellement du système informatique qui pilote les serres.
Le montant de l’investissement s’élevait à 2 M€, dont 1,2 M€ pour la construction de la serre. 2 M€, c’est quasiment notre chiffre d’affaire.
Quand on a eu ce projet, on s’est tourné vers notre banque, Le Crédit Agricole, pour examiner la faisabilité du projet et les conditions d’octroi de prêt. Le Crédit Agricole nous a proposé un cautionnement via la SIAGI.
Quand nous avons fait nos premières démarches en 2018, il n’y avait plus de subventions directes pour ce type de projets. Or, nous souhaitions aller vite. Pour que la démolition des anciennes serres et la construction de la nouvelle serre n’impactent pas l’activité de l’année, il fallait démolir la serre début juillet et tout reconstruire d’ici novembre pour pouvoir planter les plants de tomates dans les temps.
Précisions de Mme SALMON, Directeur de la SIAGI Provence-Alpes-Côte d’Azur :
La SIAGI a accordé une garantie sur l’ensemble du projet (1,3 M€) : une tranche avec la garantie FEADER, à hauteur de 600 000 € (plafond de la garantie FEADER) et l’autre avec une garantie uniquement SIAGI. La plus forte garantie est apportée par le Fonds de Garantie FEADER, à hauteur de 60 % dont 30 % pris par la Région (via le FEADER) et 30 % par la SIAGI.
Dans le cas présent et grâce à la mobilisation du dispositif « Région/FEADER » l’engagement de l’exploitant (M. BRES) est limité par caution personnelle à hauteur de 30% du montant total du prêt sollicité.
Si vous deviez présenter le Fonds de Garantie à un autre exploitant agricole, comment lui présenteriez-vous ses avantages et inconvénients ?
Ma démarche est plutôt la suivante : j’ai un projet, j’ai besoin qu’il soit financé pour qu’il se réalise. Le Crédit Agricole est venu avec la proposition de la SIAGI. Cela a été un facilitateur parce que le montant d’investissement était conséquent. En faisant intervenir la SIAGI, cela a levé l’inquiétude du banquier. Et avoir obtenu le prêt au meilleur coût, c’est évidemment préférable.
Sur ce projet, nous avons aussi reçu une subvention régionale via le FEADER de 200 000 €. Cela nous a permis d’investir dans autre chose : achat de filets pour éviter les insectes dans les serres, modification de l’informatique de serre pour être plus performant.
Conseilleriez-vous ce dispositif à un autre exploitant ?
Bien-sûr que oui. C’est une forme de garantie, comme une autre en fait. Quand mon conseiller bancaire me dit que si j’avais dû faire une garantie hypothécaire, cela m’aurait couté 90 000 € et que grâce à la SIAGI et à la Région, il m’en coûte seulement 30 000 €, la réponse est là !
***
Au-delà de l’outil de production, une démarche à valeur d’exemple :
Les « serres » peuvent regrouper un champ large d’équipements agricoles. Les serres dites « high tech », comme celle de Mr BRES, sont des outils intéressants sur le plan environnemental et socio-économiques : gestion des risques sanitaires, recyclage des solutions nutritives, confort et ergonomie du travail, niveau d’emplois crées à l’hectare…
La serre de Mr BRES est une serre cathédrale, engagée dans une démarche 0 résidu phytosanitaire : filets contre les ravageurs, recyclage grâce à la pose de gouttières etc. L’ergonomie de la serre a été réfléchie avec le concours de la MSA et d’un ergonome. La pénibilité du travail a ainsi été réduite, et l’organisation du travail est très flexible. Ces adaptations encouragent l’emploi féminin. En 2021, au sein de l’équipe de salariés, 12 personnes vont travailler avec des horaires de travail adaptés. Il est même prévu d’embaucher une jeune personne avec un enfant handicapé, qui a donc des contraintes très fortes d’accompagnement d’enfant.