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La Maison de santé de Vars

La réalisation en 2017 de la Maison de Santé pluridisciplinaire de Vars, dans les Hautes-Alpes, a été une solution pour attirer de nouveaux professionnels de santé et pérenniser une offre médicale fragile mais indispensable pour la population permanente de la commune et pour la population saisonnière de la station de sports d’hiver. La construction de la Maison de santé a bénéficié d’un soutien de la Région et du Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER).

Parole donnée à Emmanuelle TUILLIERE, Directrice Développement Economique / Tourisme à la Communauté de communes du Guillestrois-Queyras

Pouvez-vous nous présenter la Maison de santé de Vars ?
Une Maison de santé permet aux professionnels de santé de travailler ensemble, et d’avoir un exercice coordonné et pluriprofessionnel de leur métier, autour d’un projet de santé commun. C’est donc d’abord un concept et une réflexion, avant d’être un lieu physique. Il peut y avoir un projet immobilier avec le projet de santé, ce qui est la plupart du temps le cas, mais n’est pas obligatoire.

La particularité de la commune de Vars est que c’est une station de sports d’hiver, mais aussi 4 villages, avec une population résidente assez importante (600 habitants). Dans le Guillestrois, dès 2014, les professionnels de santé se sont regroupés pour rédiger un projet de santé pour les territoires de Guillestre (bourg chef-lieu), Vars et Risoul. Ils ont mené une réflexion, sur la façon dont ils pouvaient s’organiser entre eux, pour améliorer l’exercice de leur métier. Il y a eu un diagnostic de territoire, qui a permis un état des lieux de l’offre et de la demande de soins et qui a fait apparaître comme priorité la construction du pôle de Vars. En effet, le médecin qui exerçait sur la commune cessait son activité et son cabinet médical était inadapté.
Ce projet de santé a ensuite été labellisé par l’ARS (Agence Régionale de Santé).

A partir de là, la Communauté de communes a commencé à travailler sur la construction immobilière de la Maison de santé de Vars. Le bâtiment a été construit en 2016-2017, et mis en service en décembre 2017.
Le bâtiment, qui appartient à la Communauté de communes, et qui fait environ 250m2, comprend aujourd’hui :

  • Trois bureaux médicaux : deux médecins présents uniquement l’hiver, un autre aussi présent en inter-saisons pour la population locale,
  • Un bureau occupé par un kinésithérapeute,
  • Une salle pour la traumatologie,
  • Une salle de soins,
  • Une salle radio


La mise en place de cette Maison de santé est-elle une réussite ? A-t-elle été une bonne réponse pour lutter contre la désertification médicale ?
Oui, car suite au départ à la retraite du médecin installé à Vars, il n’y avait plus de locaux, et le 2e médecin risquait de partir. Si on n’avait pas de locaux à proposer aux médecins, on avait le risque de ne plus avoir de présence médicale.
La construction de la nouvelle Maison de santé a permis d’offrir un équipement adapté à l’exercice de la médecine, et d’attirer un nouveau jeune médecin, qui reste maintenant à l’année à Vars.
Aujourd’hui, à Vars, on a donc 2 médecins, dont un présent à l’année, avec un service de radiologie et une kiné qui vient de s’installer fin 2019. Cela fait un petit pôle médical sur la commune.

 

Comment la Maison de santé a-t-elle été financée, et qu’a permis de financer le FEADER ?
Au niveau financier, la Maison de santé de Vars représente un investissement pour la Communauté de communes d’environ 1 000 000 €, financés à hauteur de 50 % par des subventions de la Région (150 000 €), de l’Etat FNADT (166 000 €) et de l’Europe (FEADER – 146 000 €)) et un emprunt de 500 000 € fait par la Communauté de communes du Guillestrois-Queyras
Le FEADER a permis de financer le second œuvre du bâtiment et l’équipement en radiologie.

Comment s’inscrit la Maison de santé de Vars par rapport aux autres offres médicales du département des Hautes-Alpes ?
Vars est une commune de montagne, avec une distance pour accéder aux hôpitaux assez longue (hôpital de Gap à 1h30, et celui d’Embrun à 45 minutes). La Maison de santé nous permet donc d’avoir une offre médicale de proximité.
Nous sommes dans une commune-station, avec une grosse partie de l’activité liée à la station de sports d’hiver, qui a près de 20 000 lits touristiques ! Donc pendant 3 ou 4 mois, Vars a une population équivalente à une ville de 20 000 habitants. La Maison de santé répond à cette demande saisonnière et touristique, et permet aussi de répondre aux besoins de la population permanente.

La situation médicale peut très vite devenir tendue. A Guillestre, l’an dernier, nos 2 médecins pilotes du projet de santé sont partis, on est donc passé d’une situation « confortable » à une situation de risque de désert médical. On a pu bénéficier, avec l’aide de l’ARS, de la mesure « 400 médecins », avec un jeune médecin qui s’est installé. Puis le projet de santé a permis d’attirer 2 autres médecins. Et on travaille actuellement sur un projet de construction d’une Maison de santé à Guillestre avec un groupe de professionnels de santé motivés.

La Communauté de communes a également créé le Cabinet de montagne dans le Queyras à Aiguilles : là aussi, on avait un vrai souci de désertification médicale, et on a pu travailler avec un cabinet médical de Gap, qui nous envoie un médecin tous les jours, et 2 en période touristique. On a aujourd’hui réussi à s’en sortir, mais on sait que la menace de désertification est toujours là.

Les deux facteurs essentiels pour attirer de nouveaux médecins sont donc : une dynamique autour d’un projet de santé et un projet d’infrastructure et d’équipements. Dans le Guillestrois, les professionnels sont organisés en association, qui va bientôt devenir une SISA (société interprofessionnelle de soins ambulatoires). Je pense que cette dynamique (avoir des leaders rassembleurs dans l’équipe de professionnels de santé) est importante. Cela contribue autant que le bâtiment à la réussite du projet.

Actuellement débutent les négociations pour les fonds européens 2021-2027 : selon vous, quels seraient les projets à financer en priorité par des fonds européens dans les territoires ruraux ?
On est en zone de montagne, éloignée des grands centres urbains. Les priorités que j’identifie sont : le maintien des services à la population, les questions de mobilité, la diversification touristique et le renforcement de l’attractivité de nos territoires.
L’articulation entre les différents fonds européens n’est pas un exercice facile. Au sein de la Communauté de communes, on a un chargé de mission qui travaille sur les espaces valléens / contrats stations (fonds POIA), je suis membre du comité technique du programme LEADER, on est chef de file d’un PITER ALCOTRA (fonds transfrontaliers INTERREG). Et ponctuellement selon les projets on peut bénéficier de fonds FEADER et FEDER. Les agents de la collectivité ont l’habitude de jongler entre ces différents fonds, mais pour les porteurs de projets, c’est vrai que c’est assez compliqué. Mais on se rend compte aujourd’hui que ce sont des fonds incontournables.


+ d’infos sur la Maison de santé de Vars : ici

Mesure 7.4.1 du FEADER : Services de base pour l’économie et la population rurale

La Maison de santé de Vars a été financée par la mesure 7.4.1 du FEADER.

Objectifs de la mesure : permettre le maintien et le développement de services de base, adaptés ou mutualisés, dans les territoires ruraux afin de soutenir leur attractivité économique et résidentielle.

Exemples de projets financés : bibliothèque, bistrot de pays, point multi-services, maisons de santé.

Bénéficiaires : collectivités territoriales, syndicats mixtes, EPCI, associations, entreprises, SCIC, coopératives

+ d'infos : ici