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Biscuiterie Lou Bio

Lou Bio est une entreprise familiale située à Manosque, exemplaire dans ses pratiques de circuits courts, d’approvisionnement local, de responsabilité sociale. La biscuiterie a bénéficié en 2016 d’un soutien du Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER) et de la Région.

 

Parole donnée à Luc Ronfard, fondateur de Lou Bio

Vous êtes le fondateur et gérant de la biscuiterie bio Lou Bio, installée à Manosque. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre société ?
Lou Bio a été créée en 2007, avec la construction de notre usine en bâtiment basse consommation. On est parti de zéro avec ma compagne, et nous avons aujourd'hui 25 salariés, soit une embauche de 2 salariés par an en moyenne. On réalise un chiffre d’affaires d’environ 9 millions d’euros.
On ne fait que du bio, depuis le début. Nous fabriquons des biscuits bio, et avons racheté il y a peu de temps une petite activité de tartes de montagnes, qui était à Barcelonnette, qu’on a convertie en bio.
Nos clients sont exclusivement les magasins spécialisés bio, et nous vendons à l’export. On fait également du travail à façon pour des intervenants du marché comme la Vie claire (on travaille sous leur marque).
Quant à nos fournisseurs, on a monté un circuit court en agriculture biologique, à travers un contrat tripartite entre des agriculteurs, les moulins Pichard (situés à Malijai) et la biscuiterie Lou Bio. Les agriculteurs livrent du blé aux moulins Pichard, qui nous réservent des silos pour fabriquer la farine. Nous sommes donc sur un circuit très tracé, depuis le champ de blé jusqu’au consommateur. On a calculé notre bilan carbone, égal à un peu plus de 120 tonnes par an, compensé au niveau des agriculteurs par la mise en place de l’agroforesterie (plantations d’arbres).

Un mot sur votre politique de RSE (Responsabilité sociale des entreprises) ?
On a eu le trophée RSE Provence-Alpes-Côte d'Azur il y a 2 ans. On fait également partie du dispositif « CEDRE » porté par la Région, qui alloue une subvention de 50.000€ aux entreprises qui font de la RSE et qui s’engagent à embaucher.
Je suis par ailleurs élu à la CCI des Alpes de Haute-Provence, président de la Commission Développement durable. On est en train de mettre en place un label de marketing territorial, basé sur la RSE. L’idée est de dire qu’on est dans un beau département, avec de superbes paysages préservés, et on des entreprises exemplaires sur la RSE. Nous voulons labelliser ces entreprises. Le label devrait être annoncé d’ici février 2020.

Circuits courts, approvisionnement local, bio, RSE… votre entreprise est exemplaire sur ses pratiques. Toutes les entreprises de l’agro-alimentaire peuvent-elles suivre votre chemin ?
Oui, toutes les entreprises agroalimentaires peuvent le faire, si elles en ont la volonté ! Il faut se casser un peu la tête pour trouver les agriculteurs, contractualiser avec eux, se faire labelliser, éventuellement compenser. C’est donc faisable, mais ça demande une forte volonté de la direction. Il y quand même un problème de taille, je pense que ce genre de schéma va très bien pour des entreprises comme la nôtre.

Aujourd’hui, de grands groupes de fabricants ou de distributeurs agroalimentaires s’intéressent à la bio. Pour eux, il s’agit d’une question de survie plus que d’éthique. Ceci provoque des déséquilibres dans le modèle d’échange que nous avons mis en place car ces groupes peuvent proposer aux agriculteurs des prix supérieurs à ceux mis en place pour l’achat de blé bio, sans avoir participé au montage des filières et avec une vision de court terme. Que se passera-t-il dans 2 ou 3 ans quand l’offre n’intéressera plus les « gros » ? Je dis aux agriculteurs de faire attention au miroir aux alouettes !

En 2016, vous avez obtenu un financement de la Région et du FEADER, via la mesure 4.2, pour aménager un atelier de fabrication de pain, biscuits et poudres certifiés sans gluten, et pour acquérir du matériel de production. Quelle a été la plus-value de ce financement européen et régional ?
La plus-value est d’abord financière. La Région et le FEADER nous ont permis de réaliser l’investissement, car cela peut représenter 25 à 30% du montant. Et cela nous permet de faire plus d’investissement, et faire des investissements d’avenir. Par exemple, on a mis de la robotique, pour permettre aux salariés de ne plus faire un boulot fatigant et sans intérêt. L'aide de la Région et du FEADER nous ont aussi permis de mettre en place de nouvelles activités, comme l’atelier sans gluten, séparé de notre usine principale.

Vous êtes également président de l’association « Aval Bio Sud », qui regroupe l’aval de la filière bio de notre région (entreprises de transformation et distributeurs). Qui est membre de votre association et que permet-elle ?
Aval bio Sud regroupe plutôt des entreprises agroalimentaires historiques de la bio. Sur la cinquantaine d’adhérents, 80% ne font que du bio, ils sont donc très impliqués. Aval bio Sud est une petite association, qui a peu de moyens. On vient en appui à ce que peut faire le Synabio, qui est notre association nationale.
On travaille sur divers sujets. Récemment, on a proposé un parcours, suivi par une quinzaine d’entreprises, sur le devenir de la bio : quelles stratégies mettre en place face à l’évolution du marché, à un moment où la grande distribution et de grands groupes entrent de façon massive dans la bio ?
On a aussi un programme sur l’insertion. Pain et Partage, entreprise membre d’Aval bio Sud, salarie des personnes en insertion sur des temps donnés. Ces personnes doivent ensuite trouver un emploi pérenne. On réfléchit, au niveau de notre association, pour voir si on ne pourrait pas embaucher collectivement ces personnes en insertion.
Un autre projet est de reforester les zones incendiées en Provence-Alpes-Côte d’Azur, par la compensation carbone des adhérents d’Aval bio Sud.

Vous participez à l’Opération d’Intérêt Régional (OIR) « Naturalité », initié par la Région Sud, qui a pour ambition d’impulser des filières de valorisation locale et d’alimentation de qualité dans notre région. Pouvez-vous nous en dire plus ?
L’OIR, c’est l’idée de rassembler autour d’une table des gens qui sont sur un secteur pour développer une filière. Ici en l’occurrence la naturalité : les senteurs, les saveurs, l’alimentaire… L’OIR est co-présidée par Bénédicte Martin, présidente de la Commission agriculture de la Région, et Jean-François Gonidec, patron de l’Occitane. On étudie et appuie des dossiers, sur des projets collectifs qui ont du sens et qui développent les filières dans notre région.

Le bio en région Provence-Alpes-Côte d’Azur se porte-t-il bien ?
Oui ! Au niveau de l’aval, on a de très belles entreprises. Historiquement, on a eu notamment des entreprises qui se sont créées autour du MIN de Cavaillon. Dans les Alpes de Haute-Provence, on a également de beaux fleurons du bio, comme Terre d’Oc, Moulin Pichard, Tossolia, Céréalpes, Lou Bio, Perl'amande…
Mais ça pourrait être encore mieux ! Il y a encore du boulot. Mon objectif est que tout soit bio à terme.

Quels sont les enjeux du développement de la filière bio dans notre région dans les années à venir ?
A mon avis, un développement pérenne passe par un processus de filière avec d’une part des agriculteurs et d’autre part des entreprises qui vont transformer les productions.
Par ailleurs, la bio, les gens ne s’en rendent pas forcément compte, c’est le secteur innovant de l’agro-alimentaire. Plusieurs produits, aujourd’hui populaires, viennent du bio à l’origine : le quinoa, le kamut… étaient inconnus il y a 30 ans. On est extrêmement innovant et ça peut créer des filières très intéressantes.

Les négociations de la future Politique Agricole Commune pour les années 2021-2027 ont commencé. Quelle est pour vous la priorité ?
Ce qu’il faudrait, c’est récompenser l’agriculteur paysan qui aujourd’hui œuvre pour la transition énergétique plutôt que le grand céréalier de la Beauce qui reçoit des aides importantes !

 + d’infos :

-    Lou bio : biscuitsdao.com/fr/accueil/
-    Aval Bio Sud : avalbiosud.fr

 

La mesure 4.2 du FEADER : Investissements dans les industries agro-alimentaires

Malgré un tissu d’entreprises atomisé, le secteur de la transformation et la commercialisation dispose d’atouts importants pour la valorisation de la production agricole régionale. Pour ces entreprises, l’amélioration de la compétitivité, la recherche d’une meilleure valeur ajoutée des produits et l’amélioration des procédés en vue de limiter les impacts sur l’environnement (énergie, eau, déchets) sont des enjeux permanents.

Le dispositif, qui permet de bénéficier d'un cofinancement public du FEADER (53%) et de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (47%), a pour objectif d’accompagner les projets des entreprises de transformation et de commercialisation de produits agricoles.

Objectifs de la mesure 

  • Adapter et moderniser les outils de production afin de renforcer la compétitivité des entreprises de transformation et de commercialisation des produits ;
  • Mettre en place et développer des démarches structurantes de filières associant l’amont et l’aval ;
  • Développer de nouvelles filières ou de nouveaux produits pour accéder à de nouveaux marchés ;
  • Améliorer la performance environnementale des entreprises ;
  • Augmenter la valeur ajoutée des productions agricoles et des produits ;
  • Conforter les filières agricoles et agroalimentaires afin de renforcer leur ancrage au sein du territoire.

Bénéficiaires

  • Les PME qui exercent en région une activité de stockage-conditionnement, transformation, commercialisation des produits agricoles 
  • Les collectivités locales et leurs groupements, notamment pour leurs investissements dans les abattoirs publics.

Un appel à projet sur cette mesure sera ouvert en 2020. 

+ d’infos sur le mesure : ici

 

Contrat pour l’Emploi et le Développement Responsable des Entreprises (CEDRE) - Région Sud Provence-Alpes-Côte d'Azur 

Appel à projets ouvert jusqu’au 9 janvier 2020. Cet appel à projet vise à soutenir annuellement 35 entreprises en développement, créatrices d’emplois, qui s’engagent dans une démarche de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) ambitieuse et s’impliquent dans la transition écologique.

+ d’infos sur l'appel à projets : ici